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Libération
Critique

Les dix jours qui ébranlèrent Naples

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Comment, en 1647, un jeune poissonnier décapita l’aristocratie et le clergé de la ville
publié le 3 juin 2010 à 0h00

En juillet 1647, tandis que la Fronde agite Paris et la France, le peuple de Naples se soulève contre les nobles, les marchands enrichis et «les conseilleurs des taxes fiscales». Il exige la suppression des taxes sur la farine et les fruits - nourriture des pauvres -, une représentation politique plus équitable, et enfin le rétablissement des privilèges que lui avait accordés l'empereur Charles-Quint : Naples, propriété espagnole, est un royaume pétrifié et corrompu, quadrillé par le clergé et vampirisé par l'aristocratie.

«Rascasse». Le cri du peuple restera du début à la fin : «Vive le roi d'Espagne et à bas le mauvais gouvernement !» Avec, parfois, quelques fioritures : «A mort tous ces chiens transformés en loups qui ont dévoré jusqu'à aujourd'hui les chairs misérables des agneaux innocents ! Que ces sangsues voraces que sont les ennemis intérieurs de notre ville vomissent dans la cendre de leurs bien incendiés le sang qu'elles ont sucé ! Chassons désormais les frelons qui jusqu'à aujourd'hui se sont nourris du doux miel des abeilles qu'est notre malheureuse pauvreté !» Ces paroles ne sont pas que rhétoriques. Pendant dix jours, on traque les riches, les étrangers, les soutanes, les capes, les jupes, tout ce qui peut cacher des armes ennemies. On force les portes des palais et des couvents, on décapite les nobles et leurs brigands au couteau de boucher, «comme des têtes de rascasse».

La révolte est dirigée par un jeune p