Elle a donné rendez-vous dans un centre commercial luxueux de Sandton, banlieue blanche et riche de Johannesburg. Petites boucles d'oreilles en forme de cœur, Kopano Matlwa a la beauté des jeunes filles de son âge, bien dans leur peau et dans leurs bottes à la mode. Elle dit que les journalistes essaient déjà de lui «coller une étiquette politique» mais qu'elle exprime seulement ce qu'elle ressent, avec «ses doutes et ses interrogations sur un pays compliqué». A tout juste 25 ans, Kopano Matlwa est devenue en quelques mois l'une des voix littéraires les plus originales d'Afrique du Sud. Porte-parole malgré elle de la nouvelle jeunesse noire issue de la classe moyenne, cette admiratrice de Toni Morrison a, en deux romans, ouvert une remarquable fenêtre sur la nation arc-en-ciel d'aujourd'hui, où le présent n'a pas encore réglé ses comptes avec le passé. Son premier livre, Coconut, publié en 2007, a reçu le prix de l'Union européenne, puis en avril dernier, le prix Wole-Soyinka, considéré comme le Nobel africain. Noix de coco donc, comme le surnom donné à une partie des «Blacks nouveaux riches», noirs mais qui se veulent blancs à l'intérieur. «C'est quelque chose que j'ai souvent vu autour de moi. Beaucoup de mes amis avaient l'impression que pour réussir, il fallait faire comme les Blancs, s'habiller comme les Blancs, parler en anglais comme les Blancs et oublier notre culture.»
L'Afrique du Sud qu'elle raconte, ce n'est pa