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Libération
Critique

Des corps dans l’arène

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Marc Perelman ausculte les stades
publié le 10 juin 2010 à 0h00

Si on parle de «dieux du stade», c'est parce que le stade doit lui-même quelque chose aux dieux. En particulier au fils de Zeus et de la mortelle Alcmène, au héros qui de ses mains étrangla le lion de Némée et captura Cerbère dans les Enfers : le vigoureux et rusé Héraklès, ou Hercule. Quand le roi Iphitos, devenu maître de l'Elide et du district de Pise, où surgira Olympie, voulut fêter ses conquêtes en organisant des compétitions censées mimer pacifiquement la guerre, il convia les athlètes - c'était en 776 av. J.-C. - à s'affronter sur une seule course de 192,27 m. Elle fut gagnée par Korebos, cuisinier de son état. Pourquoi 192,27 m ? On raconte que cette distance avait justement été fixée par Hercule, lequel s'était donné la peine d'aligner sur le terrain 600 traces de son pied puissant, mesurant environ 32 cm (soit, à peu près, 12 pouces, ou 1 foot anglais). Elle correspondait à 1 stade, ou stadion. Dans les compétitions en l'honneur de Zeus olympien qui viendront après, on continuera à courir sur 1 stade, ensuite sur 1 diaulos, comprenant l'aller et le retour, puis sur 1 dolichos, correspondant à 24 stades, soit 4,6 km. Les coureurs, comme pour les courses de fond et de demi-fond aujourd'hui, partaient debout, les pieds posés sur un dallage.

Jusqu'au milieu du VIe siècle av. J.-C., il n'y a pas vraiment d'installations sportives à Olympie pour les Jeux. La piste, outre la course, accueille des épreuves de lutte, de pugilat