Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais commençons par la raconter. Bernardo Vorace Martin est un écrivain de 25 ans qui n'écrit plus, c'est une excellente façon de mourir en foutant la paix à ceux qui ne lisent pas. Le problème est qu'il ne meurt pas. Il s'est jeté d'un balcon ; il a avalé des pilules ; il s'est tiré une balle dans la tête. A chaque fois, il s'est réveillé. Le trou à la tempe cicatrise et il pense : «La mémoire est le meilleur des baumes, mais il viendra des jours où la mienne sera si pleine que les images se répéteront dans la vie même.» Vorace est un jeune homme à la mémoire vorace qui a lu Borges, Bioy Casarés. Ce qui le rend immortel, c'est une illusion efficace : les mots.
Meaulnes terroriste.Bien sûr, tout l’exaspère et il est insolent. Il tue une jeune femme qui l’aime, peu importe, puisque «j’aurais construit avec elle une phrase parfaite». Elle est dans le livre, cherchez-la. Il tue aussi le vieil écrivain franquiste et paralytique dont il tape les manuscrits. C’était un admirateur d’Hitler, mais ce n’est pas pour ça qu’il le tue, les raisons qu’on avoue sont rarement les bonnes. Tout finit dans un bal masqué où, tel un Meaulnes terroriste déguisé en diable, Vorace élimine tous les personnages dans un incendie. On le garrottera, mais il recommencera à respirer, puisqu’il renaît de ses mots. Deux phrases résument l’atmosphère de cet objet littéraire vivant de s’énerver :«Le vol d’un moustique tend et détend mes nerfs bris