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Libération
Critique

Louvre d’or

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Un vernissage géant dans le dédale du palais
publié le 10 juin 2010 à 0h00

Fantasme du gros livre : qu'il y ait tout dedans, paré pour l'île déserte. Par exemple, tous les commentaires écrits sur toutes les œuvres exposées au Louvre. Un guide absolu du visiteur. A défaut de l'impossible, ces Promenades au Louvre offrent un choix conséquent (700 œuvres) et un vernissage géant rassemblant René Char, Henry James, Oscar Mi?osz ou Pascal Quignard parmi des centaines d'écrivains, peintres, amateurs éclairés qui ont décrit et admiré les trésors du musée. Et du coup, contrairement à ce que ricanait Renoir, les tableaux n'entendent pas que des bêtises. On connaît par cœur Diderot et Baudelaire sur Greuze et Delacroix (bon, ok, c'était pas au musée, mais c'était quand même au Louvre), Huysmans, à la rigueur, ou Théophile Gautier. On se rappelle que Flaubert avait envoyé Frédéric remixer Mme Arnoux au même endroit en la substituant «aux personnages des peintures» dans l'Education sentimentale : «Coiffée d'un hennin, elle priait à deux genoux derrière un vitrage de plomb. Seigneuresse des Castilles ou des Flandres, elle se tenait assise, avec une fraise empesée et un corps de baleine à gros bouillons.» On sait moins que Kafka est passé par là (en 1911), qu'il n'a aimé que les bancs où s'asseoir et qu'il a beaucoup tourné autour de la Vénus de Milo en proférant au moins une remarque «forcée» (qu'il regrette) et quelques-unes plus «justes».

A dire vrai, on ne s'attendait pas à trouver autant de monde dans la