La prostitution est le rêve tout puissant d'un pouvoir impuissant. Cuba, pays où «il y a toujours un œil pour te voir», un cul pour t'accueillir et une voix pour se taire, l'a métabolisée. C'est le pays où un vieil apparatchik dégradé dit à son fils, qui vend sa femme à des hommes d'affaires pour maintenir son standing dans les bois sombres de l'Angola : «Il ne faut jamais tourner le dos à la merde quand on a les pieds dedans.»
Dans cette marmite bouillante et entourée d’eau, la parole, le plus souvent hurlée, tourne organiquement au mensonge. Si bien que la vérité, lorsqu’elle est dite, a l’air d’un cri parfait. Un journaliste cubain de 30 ans, Amir Valle, a ouvert pendant dix ans œil et micro pour préciser celle qu’on connaît : comment Cuba est redevenue depuis vingt ans ce qu’elle n’a jamais cessé d’être, l’île prostituée.
Naturellement, Valle a payé son travail cash et à crédit. Son livre n’a jamais été publié sur place, s’il a circulé par Internet, sous forme de chapitres semble-t-il dérobés. En 2005, de passage en Espagne pour y présenter un roman, lui et sa femme n’ont pas été autorisés à rentrer dans l’île. Ils n’avaient ni argent ni emploi, laissaient là-bas leurs enfants de 3 et 10 ans, confisqués. Le pouvoir cubain les a lâchés l’un après l’autre à la fin de l’année suivante.
Mafieux. Comme ce journaliste est un écrivain (non traduit), ce qui pourrait n'être qu'une enquête d'exception (ce serait déjà bien) agit comme métaphore : l'é