Au bac 2011, les élèves de terminale L pourront tomber, en littérature, sur les Mémoires de guerre du général de Gaulle. Le tome trois («le Salut 1944-1946») vient d'être mis au programme, qui compte quatre œuvres, renouvelées par moitié tous les deux ans. Le Général remplace Blaise Pascal et ses Pensées, et côtoie Samuel Beckett, Pascal Quignard et Homère.
L'inscription de De Gaulle a provoqué une levée de boucliers de professeurs de lettres qui ont lancé une pétition (1), signée par 1 629 personnes. D'après eux, s'il écrit bien, le Général n'a pas un talent tel qu'il mérite d'être étudié en littérature - les thèses sur son œuvre sont d'ailleurs rares. Ils soupçonnent aussi un choix dans l'air du temps politique : «Proposer de Gaulle aux élèves est une négation de notre discipline.Nul ne songe à discuter l'importance historique de ses écrits. Mais enfin, de quoi parlons-nous ? De littérature ou d'histoire ?»
Mardi, le ministre de l'Education, Luc Chatel, a estimé que «le débat n'avait pas lieu d'être» : «De Gaulle est édité à la Pléiade, reconnu parmi les grands écrivains.»Libération a demandé aux premiers concernés, les écrivains, de trancher.
Pierre Bergounioux «Il a sa place en histoire»
A la question de savoir en quoi consiste exactement la littérature, il n’existe pas de réponse formelle. Les dernières tentatives en date n’ont pu lui attribuer de propriété distinctive, de «littérarité», et l’inventaire des figures de la vieille rhétorique, à la lumière du