Kim Larsen a 18 ans, deux meilleures amies et un petit copain. Elle est blonde, sportive, audacieuse. La nuit, elle lit Madeleine L'Engle ou Lloyd Alexander, comme pour garder un peu d'adolescence. A l'automne, elle ira à la fac. L'été 2005 sera son dernier dans l'Ohio. Tant mieux. «Les péchés du Midwest : platitude, vacuité, résignation à l'ordinaire. Quel charme y a-t-il à y être enterrée vivante ? A vieillir ?» Ce jour-là, après un tour à la rivière, et avant d'aller bosser à la station-service, Kim disparaît.
Le premier chapitre de Chanson pour l'absente («Description de la personne avant disparition») a valeur de prélude. Ce qui intéresse Stewart O'Nan n'est pas le drame en soi, mais ce qui suit : la panique des proches, les interrogatoires, le monstre administratif. Il faut agir vite. L'inspecteur demande une photo de la jeune fille. Un portrait de face et souriant, de ceux qui s'affichent sur briques de lait. Lindsay, petite sœur de la disparue, croit d'abord à du sentimentalisme racoleur. Elle apprend ensuite par Internet que «ça permettait à la police de superposer un crâne sur le visage et de comparer directement les dents».
Anges. Image doublement révélatrice car, en Laura Palmer soft, Kim a ses secrets. D'ailleurs, en ville, tout le monde en a. «Un mensonge en dissimulait un autre, qui en cachait un troisième, lequel dépendait d'un quatrième.» Avec la disparition comme catalyseur, O'Nan joue au sismograp