Il est né là et n'en a pas bougé, blotti dans la vallée de la montagne des bœufs sauvages, ses Vosges, du celte vouguerus (vou pour bœuf, guez pour sauvage et us pour montagne). Cadre de sa carrière d'auteur infatigable et éclectique, les Vosges ont aussi servi de décor à sa fiction. C'est ainsi que les hommes vivent (Denoël, 2003), œuvre échevelée et douloureuse, les ont transcendées au XVIIe siècle. Ce livre-là respire d'emblée la déclaration directe. Il se murmure qu'il pourrait être le dernier. Mais Pierre Pelot est un graphomane et un incorrigible sentimental, respirant au rythme des saisons et de la couleur des cimes.«Chevaucher les mémoires de la vie, exister à travers ceux et celles qui les habitent, le temps de se les rappeler. […] Aux trames des histoires en cohortes des hommes se tissent les contrées.» L'attachement à sa campagne mosellane lui tire des envolées ; le lecteur y progresse souvent comme dans des hautes herbes.
Après l'éloge à la nature, la plume se fait autobiographique. Que représente la terre sans âme qui vive, pas même un chat ? Le petit Pierre bringuebalé dans une poussette au soleil, la maison au bord de la rivière, la jaunisse, l'inondation… Le père et la mère qui se sont rencontrés à l'usine des Ajols «dans le vacarme des métiers à tisser mécaniques». Quelques souvenirs d'enfance sont convoqués, pleins d'odeurs et de sensations, un microcosme sensible qui lui inspira sans