Dans l'histoire compliquée des liens entre science et littérature, Microbes, de l'Argentin Diego Vecchio né en 1969, est un événement. On connaît les écrivains médecins (Tchékhov, Céline). Mais la question est ici : comment guérir par la littérature ? Pas psychiquement mais bien organiquement. Avec une érudition humoristique et une imagination aussi fantaisiste que rigoureuse, les neuf nouvelles du recueil présentent des cas rares. Chacune découvre une maladie dans une région du monde différente pour mieux arriver à une ironie universelle qui ne laisserait aucune littérature debout (ni la scandinave, ni la russe, ni la nord-américaine, ni la japonaise, ni l'argentine…). Cette mondialisation est explicitée dans le dernier texte, quand il s'agit «de ce que tout le monde appelait à Paris la fièvre espagnole des bordels ; mais qu'on nommait en Belgique morbo galicus, en Hollande, le mal belge et en Prusse la peste hollandaise et ainsi de suite jusqu'en Chine».
Dans la première nouvelle, madame Kristensen raconte, pour les endormir, des histoires si efficaces à ses enfants que, de fil en aiguille, elle en vient à publier divers recueils de contes dont la lecture signifie guérison, «Contes pour enfants atteints d'otite aiguë purulente», «Contes pour enfants atteints de rougeole», «Contes pour enfants atteints de coqueluche». Mais c'est un lieu commun que l'écrivain a parfois du mal à sortir indemne de l'aventure de l'écriture. «Une telle frén