Jean Cocteau est mort le 11 octobre 1963 à Milly-la-Forêt, dans l’Essonne. Il avait 74 ans et une jolie maison, où il vivait avec Edouard Dermit, son dernier compagnon. Puis «Doudou» est mort à son tour, en 1995. La maison de Milly, passée à un fils Dermit, a alors connu des fortunes diverses, jusqu’au décès de ce dernier occupant en 2001. Mais on y sentait encore vibrer l’âme de Cocteau, qui l’avait habitée dix-sept ans et y avait laissé ses affaires comme s’il devait y revenir un jour. Cette semaine, les portes rouvriront. L’âme y sera-t-elle encore ? Oui et non. La nouvelle Maison Cocteau, fruit d’un chantier de quatre ans, est à la fois une restitution des lieux et un musée. C’est beau, fonctionnel, et par endroits émouvant.

Après un quasi-démontage de la maison pour la mettre aux normes d’une époque qui n’accueille pas le public sans ascenseur ni système anti-incendie, trois pièces - le salon, le bureau et la chambre du poète - ont été remises dans l’état où elles furent trouvées, en un peu plus neuf quand même. Le reste du logis a été aménagé pour recevoir une expo permanente, grâce aux 500 œuvres de Cocteau qu’Edouard Dermit avait fait réserver pour un futur musée.

Opium. De ces murs neufs et de ces objets rassemblés en bouquet surgit un spectre à la fois intemporel et très contemporain, dont on peine à croire qu'il a pu à la fois fréquenter les mêmes salons que Proust et inspirer des cinéastes tels que Leos Carax. Cocteau comme un trait de crayon tracé