Pfitz : ce n'est pas banal comme titre de roman. Eh bien, le roman non plus n'est pas banal. Il arrive qu'un lecteur se demande quelle part de réalité est contenue dans un personnage. Tout se passe ici comme si l'auteur tâchait de démontrer à quel point son Pfitz n'existe pas. Car, curieusement, il paraît y avoir des degrés dans l'inexistence.
Andrew Crumey est né en 1961 à Glasgow et Pfitz date de 1994. En voici les premières lignes : «Il y a deux siècles, un certain Prince chercha l'immortalité d'une manière peu commune, et cela même mesuré à l'aune de son temps. Là où d'autres auraient choisi de livrer de glorieuses batailles, d'édifier des monuments ou de promulguer des lois d'une grande portée, notre Prince décida plutôt de consacrer sa vie à se faire l'inventeur de cités fantastiques.» C'est ainsi que, après quelques tentatives moins fructueuses, naît Rreinnstadt, la ville dont le Prince est un roman. L'imagination de celui-ci est exhaustive. Il s'agit de créer la topologie de Rreinnstadt mais aussi son histoire, inventer le lieu mais aussi ceux qui y ont vécu. Schenk, le vrai héros du roman, fut au départ «incorporé au Département de la Comptabilité, à calculer les rémunérations des habitants imaginaires de Rreinnstadt. Mais l'on remarqua qu'il possédait une belle calligraphie, et il fut bientôt muté au Secrétariat de la Cartographie». Tous les sujets du Prince ont pour mission de travailler sur la cité fantastique, tâche dans laquel