Le problème aujourd'hui dans le monde des lettres, c'est que l'on ne s'y étripe plus guère. Il n'y a plus de Jules Renard pour traiter George Sand de «vache bretonne de la littérature», plus de Philippe Muray pour camper Philippe Sollers en «bureaucrate de la rebellitude», plus d'Angelo Rinaldi (désormais alourdi d'une épée et d'une Légion d'honneur) pour faire de Philippe Djian un «Henry Miller des salles de baby-foot». Pour avoir de vraies bonnes disputes d'écrivains, il faudrait qu'il y ait encore de vrais écrivains, diraient les méchantes langues. Mais il n'y en a plus non plus, de méchantes langues. Cette apathie générale pourrait avoir à terme des conséquences extrêmement fâcheuses.
Appelant leurs confrères chercheurs à participer à des journées d'études sur les «querelles d'écrivains» (l'an prochain à l'université de Liège), les responsables de la revue belge Contextes argumentent en effet : «La querelle fait partie intégrante de la condition d'homme de lettres. Elle semble même constituer la réalisation la plus manifeste des relations oppositionnelles qui dynamisent le champ littéraire dans la lutte pour les profits symboliques et matériels.» Traduisons : une bonne engueulade entre auteurs, ça n'a fait jamais de mal. Etudier ces prises de bec pourrait même permettre de jeter une lumière nouvelle sur le processus de la création littéraire.
Nos amis belges s'interrogent : «Si l'intérêt sociolittéraire des querelles peut ré