Comme la rue des Mauvaises-Paroles ou le quai des Morfondus, la rue du Hasard, avalée par la rue Thérèse, n'apparaît plus sur les plans de Paris. C'est là, à proximité du Palais-Royal et aux alentours de 1720, qu'habitaient les deux frères Nattier, peintres et académiciens. Aujourd'hui une place du XVIIIe arrondissement porte le nom du cadet, Jean-Marc. L'aîné, Jean-Baptiste, qui se suicida à la Bastille pour échapper au supplice du feu, auquel il avait été condamné pour faits de sodomie, a été oublié.
Quelque 200 artères parisiennes rappellent la mémoire de peintres, de dessinateurs, d'illustrateurs, de graveurs. Des grands et des moins grands, des artistes officiels et des précurseurs, des «peintres de batailles» et des miniaturistes. Frédéric Gaussen, ancien journaliste du Monde, répertorie, avec l'humilité de l'érudit, ces rues, dans son Guide des peintres à Paris. Et fournit aussi toutes les adresses (encore existantes ou disparues), les lieux de rendez-vous (comme le Rat mort, place Pigalle) des cohortes d'artistes nés ou installés à Paris depuis la fin du XVIIe siècle. L'auteur glisse également des peintres de fiction, sortis de l'imagination de Zola, Balzac, Perec, les frères Goncourt… Et indique des toiles représentant ces lieux parisiens, certaines visibles au musée Carnavalet, à Orsay ou au Louvre.
De ce foisonnement est ainsi né un dictionnaire des rues, agrémenté de 150 photos. Une traversée de l’histoire de l’art dans une v