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Critique

Le Khazar fait bien les choses

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L’Américain Michael Chabon cherche l’identité juive dans le genre cape et d’épée
publié le 1er juillet 2010 à 0h00

Ça doit être Salammbô à rebours, le Tigre du Bengale ou la crise de mi-vie comme disent les Anglo-saxons. Michael Chabon se jette par-dessus les orties, il en a marre et s'en explique dans la postface : jusqu'à il y a encore dix ans (on résume), il écrivait des nouvelles contemporaines avec des Américains soumis à un régime moderniste («désillusion, malheur, perte, apprentissage au prix fort, moments de grâce mélancolique») et des romans assez facilement repérables, «situés à Pittsburgh, généreusement carrossés en Pontiac et en Ford, parfumés à la marijuana, à Shalimar et aux kielbasas» - des saucisses polonaises.

«Peau tubéreuse». Bref, ça manquait de grand air pour cet auteur notoirement bisexuel et d'origine juive (deux thèmes un peu obligés dans son œuvre). D'où l'idée d'écrire un roman de cape et d'épée intitulé d'abord Juifs d'épée. Le titre ne plaisait pas aux éditeurs, on se retrouve donc avec les Princes vagabonds, texte extravagant et précieux comme si le dictionnaire avait plu sur la page, la parsemant d'«huile de naphte», de «peau tubéreuse», de «caroubiers» et autres termes qui, déjà pas trop fréquents en français, ressortissent, si l'on en croit les commentaires des lecteurs et critiques états-uniens, carrément à l'extraterrestrialité en langue américaine.

Avant même d'appréhender l'intrigue, on rigole bien du style contourné que chausse Chabon : «L'Afri