Un jour, ils ont renoncé au monde : à la maison, à l'argent, aux amis, à la famille et parfois même au corps. Sur les chemins de traverse d'une Inde enfiévrée par sa croissance économique, ils ont vécu le choc de la modernité, subi les affres d'une existence misérable ou rencontré une foi absolue. En pèlerin érudit du sous-continent indien, William Dalrymple a cheminé de longs mois aux côtés de ces mystiques qui «transcendent les frontières artificielles des partis et des peuples». Un peu comme dans son précédent livre, l'Ombre de Byzance, où le spécialiste de l'Orient accompagnait un moine du Moyen Age. Cette fois, l'érudit Dalrymple ne s'en remet pas aux archives, mais laisse parler au long ces ermites mystiques dévoués à leurs rites et leurs divinités.
A l’écart des mégalopoles modernes et congestionnées, il livre un récit de voyage déroutant. Après vingt ans d’exploration et d’immersion au cœur de la mosaïque indienne, Dalrymple a la sagesse d’écouter les gens. Il s’efface devant ces neuf vies, violentes ou incroyables, montre sans juger et sans naïveté.
Sa première rencontre n'est pas la moins troublante. «Tout attachement est cause de souffrance», dit Matasi, la nonne jaïne pour expliquer son choix de se livrer au sallekhana, «une victoire sur la mort». Même radicalité chez Rani Bai, sa sœur de foi. Elle est devadasi, servante de Dieu, et a été consacrée à la déesse Yellamana à l'âge de 6 ans, avant de se prostituer.