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Libération
Critique

L’esprit souffle au Banquet de Lagrasse

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Lancé en 1995 dans le sillage des éditions Verdier, le festival se tient pour la première fois sans son créateur, Gérard Bobillier, disparu en octobre.
publié le 10 août 2010 à 0h00

Vous ne croyez que modérément aux fantômes, mais savez pourtant en déceler la présence. Le spectre de Gérard Bobillier, disparu en octobre dernier, à 63 ans, n’agite ni chaînes ni grelots, il se manifeste cette semaine au Banquet de Lagrasse, dans l’Aude, par des signes plus ténus.

Bien que son nom soit rarement prononcé, l’homme semble comme présent derrière chacun des mots dits par ceux qui l’ont connu, et ceux-là sont nombreux ici. Si bien que les autres finissent naturellement par se demander qui était la personne, et qui est l’esprit. Gérard Bobillier est celui qui a permis que l’on vienne goûter à Lagrasse un mélange de douceur et d’exigence. Et c’est infiniment agréable.

Le Banquet est une manifestation littéraire singulière, très au large du commerce du livre, où l’on parle écriture et philosophie à partir d’un thème chaque année renouvelé. Thème 2010 : «Contre la gestion politique du tous, le souci du chaque-un». Couleur du vin : rouge ou rosé. Car Lagrasse est inondé de chaleur et de vin des Corbières. Il y a même du pain pour que la communion soit complète. Elle sera célébrée cette année jusqu’à vendredi en présence d’auteurs et penseurs séduisants : Gwenaëlle Aubry, Stéphane Audeguy, Patrick Boucheron, Maryline Desbiolles, Jean-Claude Milner, Daniel Pennac, Pascal Quignard, Mathieu Riboulet, Olivier Rolin…

Idéal maoïste. Gérard Bobillier a créé le Banquet en 1995 comme un prolongement de l'aventure intellectuelle et collective des éditions Verdier,