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Edimbourg, double descente

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[Bock]. Les enquêtes de l’inspecteur Rebus plongent le lecteur dans une ville à deux visages, touristique et sombre. Rencontre dans la capitale écossaise avec l’auteur Ian Rankin, autour de quelques bières.
publié le 14 août 2010 à 0h00

Ian Rankin fait la grimace. Il croyait jusqu'alors que l'Oxford Bar, son pub préféré, son troquet fétiche, le rade où il vient se remettre à flots sous la pression mousseuse des meilleurs fûts, restait sinon ignoré, du moins à l'écart des chemins balisés du tout-venant touristique. «Ah ! Merde», lâche-t-il, pour une fois en français, en découvrant que ce digne endroit figure bel et bien depuis plusieurs années parmi les établissements d'Edimbourg recommandés par le Guide du routard sur l'Ecosse.

Le pub lui-même n'a pourtant rien d'extraordinaire. Deux pièces, une petite, une plus grande, le comptoir dans la première, quelques photos d'un Edimbourg en noir et blanc dans la seconde. L'ensemble est discret et Young Street, où il est ancré sur quelques mètres d'un petit trottoir, est plutôt anodine, voire chagrine les soirs de pluie. Si l'Oxford Bar a fait son entrée dans le Routard, c'est simplement parce qu'il est aussi le rade de l'inspecteur John Rebus, le héros des romans de Rankin. On comprend d'ailleurs que ce flic rugueux mais honnête aime y venir soigner ses bleus au corps et ses vagues à l'âme. Ambiance familiale qui vous enveloppe dès que vous avez poussé la porte. Quelques bonnes bières écossaises, dont la Deuchars, celle que prend Rankin. Aujourd'hui, le staccato tonitruant d'un rire féminin hache menu les conversations voisines. «Amusing woman», commente l'écrivain qui achève de lire les quelques lignes consacrées au pub. «Ce