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Libération
Critique

Qui a peur de Virginie D. ?

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Apaisée, l’écrivaine adapte sur un mode lesbien son roman «Bye bye Blondie».
publié le 19 août 2010 à 0h00

D'avoir écrit, en 1994, puis co-réalisé (avec Coralie Trinh Thi) Baise-moi, en 2000, Virginie Despentes n'a pas fini de payer les dividendes. La suit depuis cette réputation - à l'aune de critères depuis longtemps obsolètes - de pornographe trash, au seul prétexte qu'elle se préoccupe, au-delà du seul jeu des corps, de ce qui est susceptible de se passer dans la tête des femmes qui aiment les femmes, et de réfléchir le féminisme (1). Il n'est pas certain qu'au printemps prochain, lorsque devrait sortir sur les écrans Bye bye Blondie, l'adaptation par ses soins de son avant-dernier roman, ses affaires s'arrangent.

Bye bye Blondie, le livre, contait comme deux êtres, elle fille de prolétaires et lui fils de famille, qui avaient passionnément croisé leurs douleurs dans un hôpital psychiatrique, se retrouvent et se re-aiment, vingt ans après, Gloria toujours arrimée à sa misère et dans ses certitudes amères, Eric parvenu riche et célèbre en présentateur télé. Mais si, dans le film, Gloria est restée Gloria, Eric est devenu Frances, autant dire une femme. Il fallait certainement, dans leurs rôles respectifs, Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart pour faire accepter et produire leurs amours lesbiennes et socialement improbables.

Pourtant, quand on demande à la réalisatrice si son film sera français ou lesbien, elle répond sans barguigner, dans un demi-sourire, qu'il sera «punk». C'est que Despentes est restée fidèle à une tribu que ses goûts musicaux