La vie politique française est en train de redevenir bornée, simplificatrice, grandiloquente, irréaliste, en un mot manichéenne. Ce n’est certes pas la première fois que cela lui arrive. Elle l’a été de façon caricaturale de 1958 à 1960, puis de 1980 à 1983 à l’initiative de la gauche durant l’aube du règne gaullien, le crépuscule du mandat giscardien et le premier mitterrandisme présidentiel. Elle l’a été de nouveau de 1986 à 1988 à l’initiative de la droite pendant la première cohabitation puis derechef, toujours à l’initiative de la droite, de 1993 à 1997 (les derniers feux du mitterrandisme, les premiers brasiers chiraquiens) et en 2001-2002 lorsqu’il s’agissait d’abattre Lionel Jospin. Entre ces poussées de populisme délibéré, elle a connu des phases d’apaisement, d’ouverture, de dialogue. Voilà qu’aujourd’hui elle rechute lourdement.
La faute en revient avant tout à Nicolas Sarkozy qui bouscule sans complexe les rites, les langages mais aussi les principes républicains. En situation préélectorale périlleuse, il renoue avec les vieilles méthodes provocatrices, celles qu’avaient employées Michel Poniatowski sous Valéry Giscard d’Estaing ou Charles Pasqua sous Jacques Chirac mais en pire. Il avait voulu d’abord présidentialiser et personnaliser le régime, concentrer le pouvoir tout en élargissant le champ des contrôles avec quelques mesures emblématiques. C’était déjà s’exposer au risque de la bipolarisation à l’ancienne. Cette fois-ci, il s’agit cependant d’une tout autre