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Libération
Critique

Putschs en famille

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Le cahier Livres de Libédossier
Castellanos Moya, les guerres du Salvador et la sorcière anticommuniste
publié le 26 août 2010 à 0h00

La famille, c'est la guerre. Et la guerre, c'est une affaire de famille. «La guerre civile est une expression de la guerre familiale, nous disait Horacio Castellanos Moya en 2006, l'année où il publiait ce roman aujourd'hui traduit, Effondrement. La famille rompt et la guerre commence.» C'est le sujet de presque tous ses livres, qui communiquent entre eux par les personnages, les événements. C'est le sujet de celui-ci.

Il se déroule de 1963 à 1992, en trois temps, au Honduras et au Salvador. Ce sont des voix qui racontent : par des dialogues, des lettres, un monologue. Le romancier salvadorien n'écrit rien tant qu'il n'a pas trouvé ses voix. Ce sont elles qui portent le récit. Comme toujours il est sec, implicitement sarcastique, concentré sur sa dramaturgie, sur cette oreille du cœur, tendu sur le crachoir comme un hibou amaigri par la nuit.

Cette fois, il y a principalement trois voix - comme les trois parties du livre. La première est celle d’une femme violente et déréglée, Lena. C’est une bourgeoise réactionnaire et nationaliste du Honduras. Sa vulgarité, son absence totale de contrôle émotionnel, rappellent la voix de Laura dans un roman précédent, la Mort d’Olga Maria. Castellanos Moya les fait aboyer comme personne, ces riches sorcières anticommunistes, pleines de rage, d’attente, de stupidité, de deuils. Elles font peur et pitié. Leur haleine tue.

«Immondices». On est en novembre 1963, j