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Libération

Unamuno en grève de la fin

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 26 août 2010 à 0h00

Philosophe, poète et romancier, Miguel de Unamuno, né en 1864 et mort en 1936, est une figure de l'Espagne intellectuelle et littéraire. Et politique : l'auteur du Sentiment tragique de la vie (1912) est démis en 1914 de son poste de recteur de l'université de Salamanque à cause de son opposition à la monarchie. Il est exilé en 1924 après ses articles contre la dictature de Primo de Rivera. Rentré au pays après la mort de celui-ci, il comprend vraiment le franquisme le 12 octobre 1936 lorsque, redevenu recteur, il prend la parole en présence du nouveau pouvoir et répond à ceux qui s'attaquent aux Basques (Unamuno est né à Bilbao) et aux Catalans, dans un discours devenu presque mythique (voir les blogs de Pierre Assouline, Michel del Castillo et lewebpédagogique.com). Interrompu par des «Viva la muerte !», il répond encore à ces mots avant d'être encore re-interrompu au son de «A bas l'intelligence !» Il reprend la parole avant de quitter définitivement l'estrade, s'adressant aux franquistes dans la salle : «Cette université est le temple de l'intelligence et je suis son grand prêtre. C'est vous qui profanez une enceinte sacrée. Vous vaincrez parce que vous possédez plus de force qu'il ne vous en faut. Mais vous ne convaincrez pas. […] Je considère comme inutile de vous exhorter à penser à l'Espagne. J'ai terminé.» Assigné à résidence, il meurt quelques semaines plus tard, le 31 décembre.

«Ce qui est vraiment romanesque, c'est comment s