Secrets, arrogants, idéologues et milliardaires. Jusqu’à la crise des subprimes, leur nom était peu connu. Depuis, ils font sans cesse la une des journaux. Ils figurent au premier rang des responsables de la crise qui a failli jeter bas l’économie mondiale ; ils ont joué un rôle trouble dans les grandes banqueroutes du monde anglo-saxon, celle de Lehman Brothers au premier chef ; ils ont été accusés de duplicité et d’illégalité dans la crise grecque ; ils ont des hommes dans les rouages les plus décisifs du gouvernement américain et, tous, prêchent un libéralisme pur et dur. Les «Goldman Sachs», du nom de la principale banque de Wall Street, sont les nouveaux maîtres de la planète.
Correspondant du quotidien le Monde à la City de Londres depuis vingt ans, Marc Roche donne un récit précis, sobre et vivant de cette réussite financière phénoménale, qui se double d'une déchéance morale tout aussi vertigineuse.
Depuis l’époque où deux immigrés juifs, Marcus Goldman et Samuel Sachs, venus de Bavière pour fuir les persécutions, s’alliaient pour lancer une petite société
d'escompte, la banque a accompagné le développement de l'économie américaine. Sous l'influence de ses premiers diri-geants, la firme s'était dotée de quatorze commandements à la connotation très biblique, principes capitalistes, évidemment, mais principes tout de même, qui devaient garantir son intégrité et sa loyauté envers ses clients. L'origine juive de la banque lui avait ainsi imprimé une culture d'entre