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Libération
Critique

Houellebecq, la qualité du produit

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Le cahier Livres de Libédossier
Art en promotion dans «la Carte et le territoire»
publié le 2 septembre 2010 à 0h00

Michel Houellebecq, écrivain que le monde entier nous envie, n'est pas facile à aimer. Il se moque des droits de l'homme, ignore les droits de la femme, et s'intéresse peu aux enfants, ne parlons pas de la famille. La Carte et le territoire, son cinquième roman, est épatant. Il est aisé de l'aimer beaucoup. On ne s'en prive pas. Aucun problème. La vision du monde qu'il expose est pourtant loin d'être aimable. Que s'est-il passé ? Pourquoi Michel Houellebecq est-il en mesure avec ce livre de conquérir n'importe quel public, et notamment la part la plus importante (en nombre) du lectorat, à savoir les lectrices ?

«Nature profonde». Jusqu'à la Possibilité d'une île (Fayard, 2005), on ne l'aurait pas dit misogyne. Par exemple, Plateforme (Flammarion, 2001), roman sur le tourisme sexuel généralement considéré comme paresseux (le roman, pas le tourisme), contient un vrai portrait de femme, mieux, un portrait de vraie femme. Extension du domaine de la lutte (Maurice Nadeau, 1994), débuts discrets et remarquables dans la fiction, après deux recueils de poèmes, puis les Particules élémentaires (Flammarion, 1998), roman par quoi la gloire est arrivée, insistent assez méchamment sur l'existence d'une lutte des sexes. La Possibilité d'une île, traversé d'une hargne plus problématique, est d'une lecture dérangeante. La littérature n'est pas faite pour nous faire rentrer (ou rester) dans le rang, c'est même tout le cont