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Libération

Kathryn Stockett

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Le cahier Livres de Libédossier
Bonne noires, Miss blanche
publié le 2 septembre 2010 à 0h00

Une histoire d'amitié entre une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires dans le Mississipi des années 1960, sur le papier, ça peut effrayer. Surtout quand le livre en question s'intitule la Couleur des sentiments. Mais le fait est qu'aux Etats-Unis, où on le connaît sous un titre plus sobre (The Help), l'objet constitue un véritable phénomène culturel - ce qui éveille au moins la curiosité, à défaut d'être plus rassurant. Avec 2,5 millions d'exemplaires écoulés à ce jour, il figure dans la liste des meilleures ventes du New York Times depuis soixante-treize semaines, dont six passées au sommet. L'engouement est le même au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, à Taïwan

L'auteure balade désormais sa blondeur étonnée sur les plateaux télé, quand elle ne sillonne pas le pays pour des séances de dédicaces. Kathryn Stockett a 40 ans, et la Couleur des sentiments est son premier roman. Elle a passé son enfance à Jackson, Mississippi. C'est là que se déroule l'action du livre, en 1962. Rosa Parks a déjà refusé de céder sa place à un Blanc dans le bus, on entend le petit Stevie Wonder à la radio et, l'année suivante, Martin Luther King dira qu'il fait un rêve devant 250 000 personnes.

En attendant, ici, chacun reste à sa place : les femmes blanches jouent aux cartes dans le salon pendant que leurs bonnes noires s'affairent. Aibileen travaille chez Miss Leefolt. Elle est la première qu'on entend. «Moi je m'occupe des bébés des Blancs, explique-t-