Peut-être se souvient-on de ce passage de Qu'est-ce que la philosophie ? où Gilles Deleuze et Félix Guattari, brocardaient la façon «insolente et calamiteuse» dont «l'informatique, le marketing, le design, la publicité, toutes les disciplines de la communication» avaient piraté le concept de… concept : «C'est notre affaire, c'est nous les créatifs, nous sommes les concepteurs !» Aujourd'hui, ils seraient encore plus marris de constater que le «concept» est utilisé de façon extravagante par à peu près tout le monde, et mis à toutes les sauces : il faut un «concept» pour installer un distributeur de bonbons, changer la décoration de son salon ou créer un «espace santé» dans un supermarché. Mais pourquoi voir là un kidnapping ? Parce que le concept est censé appartenir à la philosophie - que Deleuze et Guattari définissaient comme «création continuée de concepts».
Outil propre au philosophe ou passe-partout publicitaire, le concept n'affiche presque jamais une signification claire et nette. C'est quoi, un concept ? Pour le savoir faut-il des concepts ? Le mot laisse entendre qu'il en va de la «prise» (capere) - ce que dit aussi l'allemand Begriff (greifen, saisir). Le concept est donc ce avec quoi on «contient», on «retient» - une sorte de filet qui jeté en mer «capte» et «captive» les poissons. Sans filet, on n'attrape rien. Et sans concept, que n'attrape-t-on pas ? Avec filet, on ne retient pas la