Le roman commence par une image de beauté, d'ordre et de sérénité. «La femme de Jean-Baptiste Simonin se prépare tranquillement. Elle s'habille avec nonchalance ; elle enfourche un vieux jean tout râpé, enfile un corsage échancré et puis après, quand elle se sent bien belle avecelle-même, elle plie tout doucement sa blouse amidonnée.» Plus tard, il y aura un moment de bonheur familial : trois petites filles autour de la table au rebord poli du petit-déjeuner, le père qui prépare un court-bouillon avec le poisson acheté au marché, des oignons-pays, du thym, du piment rouge, une maison bleutée avec une large véranda, un grand terrain fruité et trois chats multicolores. Voilà. Tout le reste est noirceur ou malaise, parfois c'est drôle ou ambigu, parfois d'une poésie sombre ou grinçante, parfois carrément sordide.
Locks. La femme de Simonin part travailler à l'hôpital dans sa voiture, où elle parle avec «un inventé placide, un confident utile», elle lui dit «que je l'ai vraiment choisi pour être le père de mes enfants et que je veux lui donner mon corps et je veux qu'il en use à sa guise», elle prend son poste aux urgences où l'attend «une toquée en locks qui sent la papaye bien fumée… la femme de Jean-Baptiste Simonin la supporte un peu». Entre deux malades, elle se pose devant la télé, «son corps prend tout de suite des tournures musicales et des cadences bien suaves». «- "On dirait que tu vas danser, lu