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Libération

Potigny ou rien

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 2 septembre 2010 à 0h00

Il fut un temps où le jeune écrivain voulait être «Chateaubriand ou rien». Il était décidé à faire table rase de la vieille littérature. Le jeune écrivain voulait anéantir la langue pour la faire renaître. Il serait Lautréamont, ou Céline, ou personne. Il se taillerait un chemin de gloire à coups de plume. A nous deux, Paris !

Les temps ont sensiblement changé. Le roman n'offre plus de nouveaux horizons, le commerce du livre triomphe, le conseiller Pôle Emploi du jeune écrivain s'impatiente. L'ambition n'est plus l'immortalité ou la révolution, mais la survie. Il faudrait crier : «Je veux être Guillaume Musso ou rien», mais les mots restent coincés dans la gorge. Le jeune écrivain arrive au moins cinquante ans trop tard. Désormais, l'objectif du jeune écrivain est de décrocher une «résidence d'écriture». Pas à la Villa Médicis où les places sont trop chères, ni même au collège de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) où la concurrence est féroce. Non, il voudrait juste une petite résidence discrète en province où, pour quelques semaines, il pourrait faire comme s'il gagnait vraiment sa vie avec sa prose, et comme si la littérature avait encore un avenir. Est-ce trop demander ?

Nous sommes heureux de lui apprendre que la communauté de communes du Pays de Falaise offre l'an prochain une «résidence d'écriture jeunesse» en Basse-Normandie. Sa durée sera de quatre-vingt-dix jours à caser entre le 15 janvier et le 15 juin. «L'auteur sera hébergé en appart