C’est joufflu, c’est trapu, c’est pataud et surtout c’est tout petit, une caravelle. Une sorte de culbuto flanqué d’un mât, une vingtaine de mètres de long, sept ou huit de large, une cale sombre encombrée de tonneaux et de cordages dans lequel s’entassent à peine trente marins… Et pourtant, ce sont ces coquilles de noix qui, en un siècle à peine, vont dessiner la carte du monde que nous connaissons aujourd’hui. Un siècle et un peuple de navigateurs géniaux - les Portugais - qui vont braver tous les dangers à la recherche d’épices, d’or et de gloire.
Afrique jusqu'au cap de Bonne-Espérance, remontée jusqu'à la mer Rouge, Inde, mer de Chine, Macao, Japon enfin ; tandis qu'à l'ouest, sur les traces de Colomb, l'Amérique livre ses secrets… Les Portugais ont presque tout découvert au XVe siècle. Une réussite due à la géographie de ce petit pays collé à l'océan Atlantique, à l'intelligence de ses rois qui surent utiliser les connaissances des astronomes et des cartographes juifs ou arabes, et enfin au talent de ses navigateurs, inventeurs de la Volte, cette technique qui rompant avec le cabotage le long des côtes, pousse les marins à piquer vers le large, toujours plus loin, pour attraper les vents dominants.
Le livre d'Olivier Ikor dresse le portrait de tous ces capitaines, illustres ou oubliés, le long de terres inconnues peuplées de cannibales et d'animaux fantastiques, sur des mers si chaudes que l'eau se met à bouillir et «fait fondre le métal», sans oublie