«Eppur si muove» («Et pourtant elle tourne»). Au terme d'un procès anachronique où il n'a échappé à la torture qu'à cause de son grand âge, Galilée vient d'abjurer sa théorie du mouvement des corps célestes (qui reprenait les principes de Copernic) - à savoir, «la fausse opinion que la Terre n'est pas le centre du monde et qu'elle se meut…». Ce 22 juin 1633, humilié par les hommes et l'Eglise, le savant pisan entre pourtant dans la légende de l'humanité.
Voyageant à travers l’Europe, la très riche biographie de Jean-Yves Boriaud, professeur de langue et littérature latines, retrace cette longue carrière d’études et de controverses scientifiques, ainsi que la naissance de découvertes jamais démenties (les satellites de Jupiter, les cratères de la Lune, la spécificité de Saturne et de ses anneaux…).
Mais le vrai sujet du livre est la guérilla que se livrent alors la science et le pouvoir ecclésiastique. Un combat insidieux et dangereux - les bûchers n'épargnent personne - dans une Italie du XVIIe siècle où Rome, l'Inquisition et l'Université se liguent contre toute idée remettant en cause leur vision du monde et leurs certitudes. Une époque où les Ecritures saintes et les textes anciens (Aristote, Ptolémée) restent intouchables ; où les mathématiques ne sont souvent que de simples jeux d'esprit (déduction de la taille de Lucifer, calcul de la superficie des enfers…) ; et où enfin l'idée même de «progrès humain» reste difficile à appréhender, même pou