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Libération
Critique

Harang dans la gueule du louveteau

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Un roman né d’une lettre anonyme.
publié le 16 septembre 2010 à 0h00

Jean-Baptiste Harang a bien de la chance. D'abord parce qu'il est le «compagnon d'une femme admirable», comme il le signale dès la première page ; ensuite parce que cet individu jouit, quoi qu'il en écrive, d'une excellente mémoire. Sinon il ne parviendrait pas à nous raconter avec un tel luxe de détails ces lointaines années où il fut cœur vaillant, sorte de scout «en moins bien». Que Jean-Baptiste Harang ait été louveteau, scout ou cœur vaillant, nous nous en cognons éperdument, du moins tant que nous n'avons pas besoin de son aide pour allumer un feu de camp. Mais alors d'où vient que nous le suivons avec tant d'entrain sur le chemin du patronage et des colonies de vacances ? Sans doute est-ce parce que la réminiscence haranguienne possède un charme singulier : elle est fluide, sans nostalgie excessive, et surtout elle combat opiniâtrement toute forme de gravité ou de prétention. Le souvenir n'est plus ici que poussière de charbon venant alimenter un plaisir d'écriture. Autre forme de brasier que sait entretenir un cœur vaillant bien formé.

Jean-Baptiste Harang est écrivain depuis 1993 (journaliste aussi : il travailla à Libération). Il a écrit six romans, certains à coloration autobiographique, dont l'avant-dernier, la Chambre de la Stella, a reçu le prix du Livre Inter en 2006. Cette année-là justement, le 14 août précisément, un homme écrivait à Harang une longue lettre anonyme, fort joliment tournée, qui allait devenir le principal r