L
e point de départ est un fait divers qui a ébranlé le Japon au lendemain de la capitulation. Le 26 janvier 1948, un homme a empoisonné au cyanure seize employés d’une succursale de la Banque impériale, à Tokyo. Asiatique, muni d’un brassard, il avait affirmé être un médecin mandaté par le ministère de la Santé dans le cadre d’une opération de prévention contre l’épidémie de dysenterie qui gagnait la ville. Bilan : douze morts dans d’atroces souffrances.
Le résultat est un nouveau coup d'éclat de David Peace, qui monte là encore quelques marches dans un genre où on ne lui voit pas de concurrent de taille hormis Ellroy. Le réveil des morts, tout bonnement. C'est à une séance de spiritisme que l'Anglais du Yorkshire convie, en écho à un jeu très populaire pendant la période Edo, où un groupe de personnes réunies autour de bougies, rivalisaient en histoires de fantômes toujours plus glaçantes. Sauf que là, les conteurs successifs sont des protagonistes du fait divers (victimes, enquêteurs, journaliste, militaires, médecins, assassin…). Un écrivain les relie, qui, lui, cherche son livre, la vérité, une vérité, celle des morts avec lesquels il fait corps, qui lui chuchotent : «Vous ne pourrez nous aider, n'est-ce-pas, cher écrivain ?»
Ad libitum. Nous, en retour, on se demande : comment Peace fait-il pour raison garder ? Comment tient-il ? Combien de temps tiendra-t-il ? Lui qui fait marteler à un «second inspecteur» : «JE NE SUIS PAS PRéOCCUP