Sans doute est-on spontanément enclin à penser qu'obéir revient à perdre sa liberté, et désobéir à la gagner. Est-ce vrai ? Obéir (ob-oedire, ob-audire) signifie «écouter» quelque chose qui est «au devant» de soi, et peut-être au loin - à la manière de l'Indien qui dans les westerns pose son oreille sur les rails pour deviner l'arrivée du train. Parfois, n'«entendant» pas bien ce que le commandement dit, on ne saisit pas les valeurs sur lesquelles il se fonde : l'enfant, dès lors, exécute seulement l'injonction des parents. Il obéira lorsqu'il sera à même de reconnaître que l'ordre ne va pas au bénéfice de celui qui le donne mais de celui qui le reçoit. Il y a toujours dans l'obéissance quelque chose de pédagogique, une pédagogie-express qui dans l'immédiat s'impose par contrainte, en attendant que les médiations se présentent, via l'éducation, pour qu'elle soit respectée par obligation morale. Aussi, en obéissant, réalise-t-on comme par avance sa liberté, si l'on a conscience qu'en suivant l'ordre reçu on satisfait à des valeurs morales, civiques ou religieuses auxquelles on aspire ou qui sont déjà les nôtres. S'ensuit-il, à l'inverse, qu'on n'a pas toujours raison de se révolter - et que la révolte n'est juste que si elle brise un système de contraintes dans lequel toutes nos obligations et nos valeurs sont bafouées ? Le cas où la désobéissance se dresse non contre un ordre mais contre la loi,
Critique
Révoltes logiques
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par Robert Maggiori
publié le 16 septembre 2010 à 0h00
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