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Libération

Mourir debout

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publié le 18 septembre 2010 à 0h00

Ils ont résisté. Bien plus qu’on a dit, au cœur de l’innommable, vaincus par le plus grand des crimes, seuls, sans soutiens, abandonnés et souvent sans espoir, ils ont résisté. Longtemps, on a cru que les juifs d’Europe étaient un peuple de victimes, menés au génocide hagards et résignés, sans pouvoir et parfois sans songer même à se battre. Comme si, derrière la compassion de ceux qui ont découvert après coup l’immensité du massacre, le vieux préjugé antisémite, toujours et encore, survivait dans l’esprit des mieux intentionnés. Exterminés sans réagir : le jugement venait s’ajouter, comme une flétrissure, à l’immensité du désastre humain.

Eh bien non. Petit à petit, les témoignages sont apparus. Les souvenirs de combattants, les recherches des historiens, les récits des rébellions, des évasions, des révoltes au milieu des camps, qu'on croyait rares, sporadiques et qui étaient pourtant légion, ont rétabli la vérité. Lanzmann lui-même, après avoir montré l'inmontrable dans Shoah, a consacré un film à l'insurrection des prisonniers de Sobibor. Ainsi on a compris que ce peuple, opprimé plus que tout autre, avait choisi, bien souvent, de mourir debout.

Les éditions Omnibus ont eu la précieuse idée de réunir les principaux textes de cette saga de l’honneur. Ainsi, à travers les voix multiples des survivants, on retrouve la description précise de l’insurrection du ghetto de Varsovie, moment clé de l’héroïsme juif, quand quelques centaines de combattants ont résisté aux assa