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publié le 30 septembre 2010 à 0h00

Chroniques

Katia Metelizza Nouvel Abécédaire russe

«Aux invités on offre du thé avec des gâteaux secs ou bien du whisky-soda. Pour un proche on fait réchauffer un bol de bortsch vieux de deux jours.» Ce n'est pas par mesquinerie, mais parce que la soupe cuite et recuite est supposément roborative. «Le bouillon de poule, par exemple, appelé parfois "aspirine juive" et même "pénicilline juive", est considéré comme un remède efficace contre le rhume et la mélancolie.» On en apprend des choses sur la culture postsoviétique, dans cet abécédaire qui va de «A l'arrivée» jusqu'à «Zèbre ou de l'authenticité» en passant par «Quotidien qui fait mal», lequel semble plus universel que proprement russe : «Je peux témoigner des comportements criminels suivants : on fourre systématiquement la peau de banane dans l'interstice entre le dossier du canapé et le mur.» Sinon, on apprend quel fut l'événement le plus traumatiquede l'ère Brejnev. Il existait un cornet de glace (de la plombière) standard à 19 kopecks, «surmonté, en guise de couvercle, d'une petite fleur en crème pâtissière». Un jour la petite fleur disparut et fut désormais remplacée par une simple rondelle en carton. Dans le même temps, le cornet augmentait d'un kopeck. «N'était-ce pas cet incident qui fit définitivement perdre la confiance dans le pouvoir soviétique à tant de futurs contestataires ?» Katia Metelizza a collaboré dans les années 90 aux rédactions russes de RFI et de