JP Géné, le chroniqueur gastronomique du Monde magazine et ancien journaliste à Libération, est un gars de l'Est. Nous aussi. Il faut dire ce qui est : ça rapproche quand on entame les premières lignes de ses Chemins de table : «Je suis un enfant de la mirabelle et du plancher huilé, élevé avec la quiche lorraine et Jules Ferry comme tuteurs. La Meurthe-et-Moselle, le derby Nancy-Metz et par temps clair, la ligne bleue des Vosges comme unique horizon.» D'ailleurs chez nous, quelque part entre le Valdahon et Mouchard, on l'appellerait pas «JP». On dirait le «Jeananan-Paul a fait un livre» et ça vous poserait un homme. Parce qu'un gars qui vous cause avec autant de sincérité de la tarte aux brimbelles (les myrtilles, pour ceux qui ne sont jamais allés au col de la Schlucht) et pourquoi ses madeleines comme à Commercy font une jolie bosse, c'est que du bon, que du vrai comme on aurait dit en goûtant la mirabelle du pépère Géné.
Embarquez donc dans un train au départ de la gare de l'Est. Et préférez un tortillard au TGV, tant cette autobiographie culinaire, ce reportage au long cours dans les cambuses et les casseroles du monde est un éloge du temps et de la curiosité mijotant en cuisine comme le prouve une prodigieuse leçon de pommes de terre farcie dont on sait que les meilleures sont «les mieux grillées dessous».
Chez Géné, on ne se tire pas la bourre aux fourneaux comme à la télé où la cuisine est mise en scène à