Le jansénisme des origines, celui de Pascal et des solitaires de Port-Royal, ne concernait qu’une poignée de personnes, inquiètes pour leur salut et désireuses contre les jésuites et l’Eglise officielle de revenir à un catholicisme plus exigeant. Les jansénistes s’affirmèrent vite comme des opposants politiques et religieux et ils furent victimes de persécutions à la fin du règne de Louis XIV. Le mouvement aurait dû s’éteindre, et pourtant, tout au long du siècle des Lumières, les résistances furent puissantes. Plus encore que les philosophes, les jansénistes sont la force d’opposition la plus redoutée du pouvoir parce qu’ils réintroduisent des questions religieuses dans le champ du politique, configuration la plus crainte par la monarchie depuis les guerres de religion.
Propagande. Le jansénisme du XVIIIe siècle est bien connu des historiens quant à ses aspects politiques et théologiques. Sa dimension sociale l'est beaucoup moins. Grâce à la mobilisation de sources notariales, lesquelles permettent de mieux comprendre au quotidien les comportements, Nicolas Lyon-Caen montre comment le jansénisme a réussi à gagner une bonne partie des élites marchandes et des notables, en particulier parisiens. Bien organisé en réseaux familiaux et professionnels de fidèles et financé grâce à la «boîte à Perrette», sorte de caisse de secours au service des militants, le mouvement fait preuve d'une grande activité de propagande pour faire connaître la «vérité» dont