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Nobel de littérature en 2010 : enfin le Pérou pour Mario Vargas Llosa

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Virtuose de la narration, l’écrivain péruvien, mort le 13 avril 2025, rival intime et politique du Colombien  García Marquez, a été consacré il y 15 ans par l’académie suédoise.
publié le 8 octobre 2010 à 0h00
(mis à jour le 14 avril 2025 à 7h36)

L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa est mort le dimanche 13 avril 2025 à Lima. Nous republions l’article écrit en 2010 lorsqu’il se vit attribuer le prix Nobel de littérature.

En attribuant hier le prix Nobel de littérature 2010 à l’un de ses perpétuels favoris, le Péruvien Mario Vargas Llosa, 74 ans, les jurés ne lui apportent aucune gloire, puisqu’elle l’accompagne sous toutes formes possibles depuis un demi-siècle, mais ils sanctionnent trois choses : l’un des derniers grands romanciers réalistes (donc pessimistes) de facture classique, la littérature d’un continent, et, ce prix étant également politique, la mondialisation libérale à paravent démocratique dont il demeure l’un des chantres les moins embarrassés.

Mario Vargas Llosa est le sixième écrivain latino-américain à recevoir le Nobel. Il y a eu la Chilienne Gabriela Mistral (1945), le Guatémaltèque Miguel Angel Asturias (1967), le Chilien Pablo Neruda (1971), dont il lit encore les poèmes «avec dévotion» et Octavio Paz (1990). L'avant-dernier à l'avoir obtenu était, en 1982, le Colombien Gabriel García Marquez. Tout un symbole, et comme un retour de balancier. García Marquez et Vargas Llosa, c'est une querelle de dimension équivalente à celle qui, dans l'après-guerre, opposa Sartre et Camus. Les jurés Nobel ont l'art mutin du contretemps. Ils ont primé le premier quand le communisme qu'il soutenait allait s'effondrer. Ils priment le second quand le libéralisme qu'il célèbre donne quelques signe