Pour qui s’intéresse à l’histoire de France, le nom de Pierre Cauchon, évêque de Beauvais qui envoya Jeanne d’Arc au bûcher en 1431, est pour l’éternité symbole d’ignominie et de traîtrise. Il est l’archétype du mauvais Français, qui se couche devant l’occupant, triste prédécesseur des collaborateurs de la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’à son patronyme qui semble accentuer ses défauts…
L'historien Jean Favier lui consacre pourtant une très érudite biographie. Non pour réhabiliter ou juger le personnage - au demeurant assez falot -, mais pour comprendre une époque infiniment plus complexe que ne le laissent supposer les images d'Epinal peuplées de fourbes Anglois, de voix célestes et de victoires providentielles remportées au cri de «Montjoie Saint- Denis».
Car l'Europe du XVe siècle, ce sont deux papes rivaux, puis bientôt trois ; un roi fou à qui succède un enfant sans caractère, des seigneurs et des princes qui s'assassinent, des fiefs qui s'allient ou se font la guerre. C'est aussi un «envahisseur», le roi d'Angleterre, prétendant au trône de France avec des arguments plus que recevables. C'est enfin la montée en puissance d'un nouveau groupe social, celui des clercs, ces universitaires jaloux de leurs prérogatives théologiques, dont l'influence ne cesse de croître.
Divisé en rigoureux chapitres, le livre dissèque les relations entre tous ces pouvoirs, en prenant pour fil rouge le prélat que Jean Favier suit jusqu’au procès pour hérésie de la pucelle d’Or