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Libération

La France, tout vrai, tout faux

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 16 octobre 2010 à 0h00

Pour imaginer son avenir, une nation doit s'inventer un passé. Pour justifier un Etat, asseoir des lois, garantir l'obéissance, il ne suffit pas d'une police. Il faut des héros, des songes et des contes. Point de légitimité, point d'unité, point de patriotisme, sans un roman national. C'est-à-dire, comme dans tous les romans, un mélange savant de fiction et de réalité qui forme la trame des manuels d'histoire et façonne les esprits juvéniles. La France n'échappe pas à la règle. Mieux : elle a pour ainsi dire inventé la nation moderne et donc sa propre légende. Au XIXe siècle, les historiens républicains ont fixé ce qui devait être à leurs yeux la mémoire collective de la République à construire, ce passé de conventions sur lequel on bâtirait l'avenir. Tout est donc vrai et tout est donc faux dans l'histoire de France : c'est un roman.

Cette légende bleu-blanc-rouge, Francois Reynaert, chroniqueur à l'Obs, journaliste et écrivain plein d'humour et d'élégante érudition, la démystifie avec tact, en s'appuyant sur le travail impartial des historiens contemporains. Le roman national commence par la fin, il est «téléologique» : il s'agit de montrer comment la succession des siècles a conduit, à travers mille épreuves, à la France républicaine, coloniale et triomphante du XIXe siècle.

La nation, ainsi, commence avec Vercingétorix, premier unificateur de la nation. Elle continue avec Clovis, Charlemagne, Duguesclin ou Jeanne d’Arc, qui portent, pour ains