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Libération
Critique

C’est quoi ce Tarnac ?

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Le cahier Livres de Libédossier
Nathalie Quintane greffe la politique au premier plan de «Tomates»
publié le 21 octobre 2010 à 0h00

Nathalie Quintane a glissé une bombe dans sa Chaussure et ça donne Tomates. A savoir, comme elle le décrit elle-même, des choses «plutôt rondes, et rouges, et même fermes, parfois». On pense à la tomate pourrie jetée au mauvais acteur, mais aussi au trou rond et rouge qu'explose la balle au niveau du cœur. Quant à la fermeté, elle est politique, puisque Tomates, sous ses airs habituels de galéjade, est consacré à l'affaire de Tarnac et à l'insurrection, qui vient et ne vient pas. Avec une révélation page 64.

Avec Quintane, on sait qu'on tient une œuvre de survie, de celles qui sont profondément dans leur temps, c'est-à-dire un peu en avance, qui serviront avec quelques autres de repère dans cinquante ans. Tomates est un texte qui se construit d'ailleurs en dialogue, d'un côté plus théorique avec Jean-Paul Curnier et son Commerce des charmes (Editions 104-Lignes, 2009), de l'autre plus fictionnel avec les Jumelles de Pierre Alferi (P.O.L., 2009). Un outil du genre de celui de la Communauté inavouable de Blanchot (mais en plus drôle), livre tissé autour de ceux de Duras et de Jean-Luc Nancy.

Dynamitage. Tomates, ça commence avec des tomates, ça se poursuit à coups de pioche. «Penchée sur mes plants de tomates, désherbant délicatement tout autour et sectionnant les feuilles basses pour ne garder que la tête, je me suis vue travaillant ce faisant comme à Tarnac