Menu
Libération
Critique

Dons de sagesse sexe, gourmandise… «Les philosophes meurent aussi»

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Poison, poux, malchance, folie,sexe, gourmandise… «Les philosophes meurent aussi»
publié le 21 octobre 2010 à 0h00

Nul ne sait ce qu'il en est en vérité. Mais le conte est beau : il aurait rendu l'âme à 90 ans, en disputant des calamars à un chien ou en voulant montrer qu'il était possible d'arrêter longtemps de respirer. Tous les philosophes n'ont pas eu, comme Diogène le Cynique, la chance d'avoir leur mort colportée par la légende et rendue peu à peu conforme à leur vie. Platon fut infesté de poux, Hypatie d'Alexandrie lapidée «par une foule de chrétiens fanatiques et écorchée vive avec des coquilles d'huîtres». Avicenne «succomba d'un excès d'opium après un rapport sexuel un peu trop intense». La Mettrie fut emporté par une indigestion de pâté aux truffes, Pascal par une gangrène intestinale et Hegel par une épidémie de choléra. Quelle importance ? Aucune - selon l'histoire de la philosophie, qui de ses grandes figures retient la pensée, point la biographie. Heidegger, parlant d'Aristote, ne disait-il pas que «la personnalité d'un philosophe n'a d'intérêt que dans cette mesure : il est né à telle ou telle époque, il a travaillé et il est mort» ? Mais peut-on sérieusement soutenir que s'adonner à la philosophie exige qu'on soit un «pur esprit», jamais ébranlé, dynamisé ou défait par les aléas de la vie, la perte d'un proche, la difficulté de se nourrir à sa faim, un amour heureux, une séparation, le soutien d'un ami fidèle, de constantes migraines ou les «douleurs affreuses» de ces furoncles sur toute la peau, «particulièrement virulents sur les