On attend d'un début de roman qu'il éveille l'attention du lecteur. Laura Kasischke s'en sort très bien : il ne lui faut pas trois pages pour tuer Britney Spears. La pop-star est la première célébrité à succomber à la grippe de Phoenix, une mystérieuse maladie qui se répand aux Etats-Unis. Il n'y a pas de vaccin, les cadavres s'accumulent. On parle de pandémie. Pour éviter la contagion, certains pays interdisent les imports en provenance d'Amérique. «Yankee go home. US not welcome», entend-on d'un bout à l'autre de la planète. D'autres phénomènes agitent la population. «Taches solaires. Tremblements de terre. Ouragans. Tornades.» Une sorte d'apocalypse, dans ce qui ressemble au futur proche.
En un monde parfait n'est pourtant pas un récit d'anticipation, encore moins de science-fiction. Il pose juste le chaos environnant comme toile de fond. L'histoire est d'abord celle de Jiselle, une hôtesse de l'air qui rencontre un beau pilote. Il s'appelle Mark, il est veuf et père de trois enfants. Elle l'épouse, démissionne, commence une nouvelle de vie de femme au foyer. La voilà belle-mère, le rôle de la méchante dans les contes de fées. Les enfants de Mark la détestent. Lui n'est presque jamais là, cela ne facilite pas les choses. Il l'aime de loin en loin, au téléphone, «comme un objet précieux». Elle s'interroge : «Sans les enfants, est-ce que tu m'aurais épousée ?» L'homme finit par disparaître complètement, retenu en quarantaine en Al