Les héros ne meurent pas, mais ils disparaissent : il faut dire adieu au commissaire Kurt Wallander. Vingt ans après sa première aventure, dix ans après la Muraille invisible, huitième épisode de la série, le Suédois Henning Mankell a remis le collier des neiges au saint-bernard récalcitrant pour le faire fondre sur une histoire de sous-marins en eau (et guerre) froide. Cette neuvième enquête, l'Homme inquiet, sera la dernière. L'homme inquiet, le véritable sujet, c'est Wallander. Il a 60 ans, l'âge d'être grand-père. Il oublie son flingue dans un bar, ne reconnaît pas toujours sa petite-fille, ne sait plus forcément où il se trouve. Ces trous de mémoire le remplissent d'effroi. Ils perturbent son travail et sa vie.
Héritiers. Mankell a 62 ans, il porte une chemise longue comme ses cheveux et semble aller bien. Il y a quelques années, il disait qu'il était lassé de Wallander et n'y reviendrait plus. Il a bien essayé de passer le relais à la fille devenue flic, Linda (Avant le gel, 2005), mais ça n'a pas vraiment marché : les héros n'ont pas d'héritiers. Ils deviennent des créanciers perpétuels, égoïstes, qui réclament leur dû. Ils ne le font pas seulement au nom des lecteurs. De passage à Paris, très détendu derrière un verre de rouge, boisson qu'il aime comme son héros à la colère déprimée, Mankell explique : «Pendant cinq ans, je n'y ai absolument plus pensé. Puis, je me suis dit qu'il me restait à raconter u