La jeune Lee est virée de l'école à la première ligne du roman. Deux évidences s'imposent : elle ne veut pas rester «coincée à la maison» ; il lui faut pour cela rejoindre le dénommé Silas, qui s'occupe de chevaux et lui aurait proposé de «travailler pour lui à l'écurie». Lee, dont le ton est, de temps à autre, celui d'une adresse au lecteur toute durassienne, vous voyez, nous dit que sa mère est d'accord, «ça lui allait parfaitement», mais que son père ne veut pas la voir partir. Si les deux femmes ne tiennent pas compte de son avis, ce n'est pas que le père soit quantité négligeable. Au contraire. Il couche avec Lee depuis qu'elle est petite, et elle veut s'échapper pour ne jamais revenir. Silas est l'homme auprès de qui elle se sent en sécurité depuis l'enfance, à partir du moment où elle a fréquenté les champs de course en sa compagnie. Mais Silas est marié. Jeannie, sa femme, ne veut pas de Lee. «Silas était désolé pour moi et ce qui se passait avec mon père, alors que pour Jeannie cela voulait dire que je savais comment faire les choses et que je pourrais les faire à Silas. C'était peut-être ma peur aussi. Ou que Silas finirait par le voir, voir à travers moi, et alors c'est ce qu'il voudrait de moi.»
Cruauté. Sa lucidité, sa fierté, sa totale absence de pause : telles sont les qualités de l'héroïne, qui a à peine plus de 15 ans, et de l'auteur, Heather Lewis, dont le Règlement est le premier roman, paru en 1