L'ex-diplomate et écrivain ne donne pas dans le protocole. Jean-Christophe Rufin arrive chez son éditeur, Flammarion, en complet beige décontracté, se décrit très vite comme «chômeur» et revient volontiers sur son départ fracassant de l'ambassade de France à Dakar. Il en a claqué la porte le 30 juin, à un mois de la fin de sa mission, ne se gênant pas pour critiquer Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères qui l'avait nommé. «Je n'ai pas été débarqué, dit-il. Ma tête, Wade [président du Sénégal, ndlr] l'avait demandée plusieurs fois. Au sommet franco-africain de Nice, le 1er juin, il l'a obtenue.» Il était parti à Dakar en pensant changer les relations de la France avec son ancienne colonie. Il a ensuite compris que la cellule diplomatique de l'Elysée avait le dernier mot, s'appuyant sur les fameux «réseaux» qui font toujours la pluie et le beau temps en Françafrique. «Ce qui est scandaleux, c'est que Wade a désigné mon successeur [Nicolas Normand, ndlr]. Et que celui-ci l'a remercié de l'avoir fait nommer. Extraordinaire ! Digne d'une république bananière !»
Jean-Christophe Rufin dit ce qu'il pense dans six langues, anglais, italien, portugais, amharique et arabe. Diplomate, il envoyait des télégrammes pimentés au Quai d'Orsay, comparant l'octroi de crédits au Sénégal à la «fourniture de sa dose à un toxicomane». Pas question de s'écraser. «Au Quai, ils m'ont dit de rester tra