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Libération
Critique

Amour sur terrain lourd

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Le cahier Livres de Libédossier
A Madrid, une famille sur trois générations joue à qui perd gagne
publié le 4 novembre 2010 à 0h00

C'est un récit aussi modeste que puissant. Un travail d'artisan, d'abord, qui désosse chaque personnage et chaque situation. Un texte ambitieux, ensuite, qui transperce à la fois une époque, une famille, des individus, en n'oubliant aucun de ces objectifs en cours de chemin. Une maîtrise reflétée par le titre, Savoir perdre, comme une opposition résolue à l'obligation de triomphalisme. Ce n'est pas un hasard si l'Espagnol David Trueba est à la fois journaliste, scénariste - pour son frère Fernando -, et réalisateur (de six longs métrages). Son roman, le troisième, est d'une précision éclatante, et semble prêt à se muer en images, tant Sylvia, Leandro, Lorenzo, Aurora et Ariel deviennent visibles, bruyants, odorants.

Pardon. Cinq figures, une famille madrilène. Enfin presque. Ariel, un jeune footballeur argentin, n'est encore que le petit ami de Sylvia, 16 ans. Lorenzo est le père, à la dérive après des déboires professionnels. Leandro, vieux professeur de piano, est le grand-père de Sylvia, et Aurora sa grand-mère. Mêlant en permanence ces cinq vies, Savoir perdre nous promène dans les principaux chapitres d'une existence. Sur le crépuscule, Leandro et Aurora, atteinte d'un cancer, sont les plus émouvants. «Leandro sait que le compte à rebours instauré par la maladie ne compensera pas une vie entière. Il espère que tous les bons moments additionnés constitueront pour Aurora un bilan positif de leur vie en commun, mais personne ne pourra