Un poing de vieille dame, trois bagues, et ce commentaire de l'intéressée en vis-à-vis : «J'ai été sept ans au P.C. et j'aime les diams.» On ne saurait mieux résumer la liberté de Marguerite Duras au terme de son existence, liberté conquise, payée cher, et souvent perçue comme une outrecuidance. L'image figure dans le volume de la collection «Voyager avec…», une sélection de textes de Duras (sans aucun inédit), où est reproduit le reportage à Trouville de la photographe Dominique Issermann ; c'était en 1993 pour le magazine Vogue. Jean Vallier aurait pu choisir la phrase de commentaire comme exergue au deuxième tome de sa biographie, entièrement consacré à la manière dont l'écrivain a inventé un monde, son œuvre, et a fini par en être recréée elle-même, comme il se doit quand une vie d'artiste est accomplie.
Dans le cas de Marguerite Duras, il faut noter une originalité supplémentaire : dans les années 60, elle appartient à l’establishment littéraire. Elle va rompre avec cette sorte de respectabilité, de même qu’elle fera du cinéma en dehors des circuits institutionnels, toujours au nom de la liberté, après avoir travaillé avec Alain Resnais, et nourri des projets avec Joseph Losey.
Brouillon. L'engagement communiste, l'antigaullisme, l'anticolonialisme au moment de la guerre d'Algérie, Mai 68, l'élection de l'ami François Mitterrand : C'était Marguerite Duras égrène les étapes historiques et politiques des combats d'après-guerre. Pe