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Le cahier Livres de Libédossier
Une sélection du service Livres de Libération
publié le 4 novembre 2010 à 0h00

Essais

Jean-Michel Djian Ahmadou Kourouma 

Il adorait Céline et sans cesse le relisait, surtout avant de se lancer dans l'écriture d'un nouveau roman. Devenu bien malgré lui figure tutélaire de la nouvelle littérature africaine, l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, mort il y a sept ans, est déjà un classique. Pour la puissance d'un verbe digne de son modèle et pour la fécondité d'une imagination toute hugolienne. En attendant le vote des bêtes sauvages, saga histrionique d'un dictateur africain, est l'un des grands livres du XXe siècle sur les folies du pouvoir absolu et l'échec des indépendances. Allah n'est pas obligé, récit à la première personne et faussement naïf d'un enfant soldat, fut récompensé en 2000 par le prix Renaudot. Ses principaux romans viennent d'être republiés en un gros volume au Seuil. «L'humanité barbare mettait Kourouma en appétit et c'est la littérature qui rendit justice de sa gourmandise», note d'entrée de jeu Jean-Michel Djian dans ce premier essai biographique consacré à l'un des auteurs francophones les plus étudiés outre-Atlantique. Le matheux toute la journée travaillait sur les statistiques, puis la nuit il écrivait, exprimant jusqu'à son paroxysme «une souffrance africaine qui jusque-là n'avait jamais atteint la conscience alambiquée des Européens ; pas plus que celle des Africains». Cet aristocrate malinké qui éclatait volontiers d'un grand rire détestait le pathos. Comme le souligne son biogra