Menu
Libération

«Naissance d’un pont», et d’une pointure

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Livre. Maylis de Kerangal a reçu hier le prix Médicis.
publié le 4 novembre 2010 à 0h00

Après le grand prix de l'Académie française à Eric Faye et le Femina à Patrick Lapeyre, le Médicis attribué hier à Maylis de Kerangal pour Naissance d'un pont (Verticales) confirme la tendance des jurys littéraires à sélectionner de vrais écrivains et à couronner au final de bons livres.

Naissance d'un pont est l'ambitieux roman d'un vaste chantier, le sujet pouvant être considéré comme la métaphore de l'œuvre elle- même. Tout en énergie, en salves descriptives, en giclées de sensations, le texte avance à grandes enjambées, avec des heurts et des pauses.

La langue est tellement inventive, riche en verbes, qu'elle donne parfois le tournis, masquant les scènes qu'elle est censée imposer. «J'avais envie d'une épopée, qui induit de la profusion», disait récemment l'auteur (Libération du 28 octobre). Elle avait jusqu'à présent privilégié le mode intimiste, elle tenait là une aventure collective, hollywoodienne.

L'histoire commence avec le portrait de l'ingénieur baroudeur Georges Diderot (presque tous les personnages portent des noms ou des prénoms d'écrivains), et se termine la veille de l'inauguration. «Toutes sortes de gens se mirent en marche dans la nuit violette et convergèrent vers la ville dont le nom de soda jouait comme mille épingles corrosives dans leur bouche sèche.»

Le béton est le domaine d’une femme, Summer Diamantis. Mais il n’y a pas que de la technique, du travail sur la matière et l’espace, et des tractations politico-é